Développement de l’espèce humaine : le rôle clef de la transpiration

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Selon le Dr Vybarr Cregan-Reid, la sueur est à peu près aussi essentielle pour un être humain que d’avoir un cerveau. Le processus de transpiration spécifique à l’Homme a en effet joué un rôle clef dans l’évolution de notre espèce, c’est même la principale raison pour laquelle nous nous sommes hissés au sommet de la chaîne alimentaire. Un entretien réalisé par Margo White.

MARGO White: Pourquoi transpirons-nous ?

DR VYBARR CREGAN-REID : Le rôle de la sueur est principalement la thermorégulation, ce qui nous permet de rester au frais par temps chaud. Les différents types de glandes sudoripares créent également notre odeur corporelle, un parfum spécifique aussi unique que notre ADN.

En quoi sommes-nous différents des autres espèces ?

L’espèce humaine est nulle en sprint ! Des animaux de la taille de notre paume peuvent courir beaucoup plus vite que nous. Mais nous avons cet avantage sur d’autres animaux comme l’antilope ou le cerf, d’être capables de perdre efficacement de la chaleur. Le corps des quadrupèdes, qui est de fait beaucoup plus exposé au soleil, a un système de refroidissement bien moins évolué que le nôtre.

Donc deux jambes valent mieux que quatre ?

Oui. Tout animal qui est bon au sprint ne l’est pas sur de longues distances. Si vous tentez de chasser une antilope, elle disparaîtra très vite de votre vue. Mais si vous continuez de la suivre en marchant, à un rythme de jogging, vous la rattraperez, car au bout d’un (long) moment, l’animal aura trop chaud et s’épuisera. Les chevaux sont les seuls animaux qui transpirent de la façon la plus semblable à celle des humains.

Comme vous l’avez dit, il existe plusieurs types de sueur, libérés sur différentes parties du corps.

Nous avons deux principaux types de glandes sudoripares, eccrine et apocrine. Les glandes eccrines – les glandes de thermorégulation – sont les plus nombreuses. On les trouve partout sur le corps, en particulier sur les paumes, la plante des pieds et le front. Avoir des glandes sudoripares eccrines sur un front exposé au soleil, permet au sang qui se rend dans le cerveau de rester à température normale. Le sommet de la tête, quant à lui, est ombragé par les cheveux, il prend donc moins de chaleur. L’autre type de sueur, apocrine, est plus odorante et se trouve dans les aisselles et l’aine. Malheureusement pour nous, son rôle est de sentir, c’est comme notre empreinte digitale olfactive. Et parce qu’elle est libérée dans les zones où elle ne peut pas s’évaporer rapidement, elle entre en contact avec les bactéries qui commencent à se décomposer et développe une odeur forte. Sur nos bras, nos jambes et notre front, elle ne sent rien car il y a beaucoup de sel et il s’évapore avant que les bactéries ne s’y attaquent.

Et les pieds malodorants ?

La sueur de nos pieds n’a pas la même odeur que celle de nos aines ou de nos aisselles. Nous avons des pieds malodorants parce que nous les mettons dans un environnement fermé et chaud, ce qui donne aux bactéries plus de temps pour faire leur nid. Si vous portiez quelque chose de semblable sur vos mains toute la journée, elles auraient une odeur assez semblable.

La sueur est plutôt mal tolérée dans nos sociétés modernes…

Dans certains environnements, comme le sport, la sueur est un signe de réussite, mais elle est tabou dans d’autres situations. Lors d’un entretien d’embauche par exemple, c’est plutôt gênant quand quelqu’un vous serre la main et qu’elle est moite. Vous êtes en réalité en situation de combat et pouvez courir et grimper plus facilement à un arbre, parce que les mains moites vous donnent une meilleure adhérence. L’adrénaline est libérée quand vous êtes en état de stress.

Est-ce que les hommes transpirent plus que les femmes ?

Non. Certaines personnes vont transpirer plus que d’autres, et cela est dû en partie à la variabilité de notre ADN. Mais je ne peux pas croire que les femmes transpirent moins que les hommes. Je pense en revanche qu’il y a plus de tabous autour de la transpiration féminine.

Dr Vybarr Cregan-Reid est conférencier en sciences de l’environnement à l’Université de Kent, et auteur de Footnotes : How Running Makes us Human. Il travaille actuellement sur son troisième livre, Primate Change: How the world we’ve made is remaking us..

Florence Bonnardel

Rédactrice, J’aime recueillir les témoignages, inventer des histoires et trouver la poésie partout où elle se cache. D’un optimisme interminable, je laisse la vie me surprendre avec son lot de nouveaux défis. Mon rêve : faire le tour du monde à vélo… En attendant, j’enchaîne les cours de SPRINT !

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