Nichola SMILES est ingénieure le jour et trainer LES MILLS le soir

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Nichola Smiles est apparue sur les écrans pour la sortie du programme LES MILLS BODYCOMBAT édition United. Elle nous partage ici son ressenti en tant que femme noire quant à l’absence de diversité sur les Masterclass.

Qui sont vos modèles en fitness ?

NICHOLA SMILES :

Fredia Wilbert et Terry Mack. Fredia m’a profondément inspirée et c’est grâce à elle que j’ai voulu devenir instructeur. J’assistais religieusement à son cours de Turbo Kickboxing tous les dimanches et j’étais cette participante timide au fond de la salle. Par la suite, j’ai acquis suffisamment de confiance en moi pour me mettre au premier rang ! Nous sommes devenus amies et un jour elle m’a dit, « tu devrais devenir instructeur ». Terry m’a encadrée après ma formation initiale en BODYCOMBAT ™, elle se souciait vraiment de mes progrès. Elle avait une forte éthique de travail et était toujours très honnête avec moi. Je n’ai pas réussi ma première évaluation et elle m’a dit : « Je vais te dire la vérité, tu n’étais pas bonne. » Cela ne m’a pas donné envie d’arrêter. Au contraire, j’ai travaillé dur pour m’améliorer.

Je crois qu’une petite fille vous considère comme son modèle…

Oui ! J’enseigne deux cours consécutifs le samedi matin et j’ai remarqué une petite fille avec son père qui m’observe avant d’aller au club pour enfants. Je les voyais chaque semaine, ils restaient environ 10 minutes. Puis un matin, alors que j’attendais que le studio de cours se libère en bavardant avec certains membres, j’ai soudain entendu la voix de la petite fille : “Oh, elle n’est pas là !”. J’ai dit : “Me voici, je suis juste ici !.” Elle a couru vers moi et m’a dit: «Je suis Cora Lynn et j’ai quatre ans. » J’ai pris une photo de nous deux ce matin-là et je l’ai postée sur mes réseaux sociaux. Il y a eu beaucoup de réactions à ce post, comme par exemple : “J’ai vu cette photo et j’ai pleuré parce qu’on ne voit pas beaucoup de femmes noires présentées comme des modèles dans l’industrie du fitness.” Je pense que beaucoup de gens ont la même réaction que Cora Lynn lorsqu’ils voient quelqu’un qui leur ressemble faire ce à quoi ils aspirent. Et je ne parle pas seulement de la race, mais aussi du type de corps. Pendant longtemps, les critères de beauté dans le fitness ont exclu les personnes qui ne correspondaient pas au format traditionnel. Et dans une industrie uniforme, il est rafraîchissant de voir quelqu’un de différent. Des presenters comme Lula [Slaughter], Dennis [Toppin] et Marlon [Woods] sont bien la preuve que les choses changent.

Cora Lynn & Nichola Smiles
Cora Lynn & Nichola Smiles

Les Mills a pris sept engagements autour de Black Lives Matter, et notamment celui de garantir plus de diversité dans son marketing et sur les Masterclass. Que pensez-vous de la manière dont les personnes noires ont été représentées dans le passé ?

Je savais qu’il n’y avait pas beaucoup de gens qui me ressemblaient sur les Masterclass et dans les ressources marketing. Mais je m’y étais habituée. J’ai fini par accepter que l’industrie du fitness ait une certaine apparence. Je remarquais simplement que Les Mills choisissait toujours la même personne noire pour les tournages.
Quand Marlon a participé pour la première fois à la Masterclass BODYCOMBAT, quelqu’un a diffusé ce message sur les réseaux sociaux : “Oh mon Dieu, quelqu’un qui me ressemble !” Ce commentaire m’a déçue. Je trouvais ça vraiment dommage qu’en 2016, les gens soient encore étonnés de voir un homme noir sur une Masterclass. Dans le club où j’enseigne, nous avons deux affiches Les Mills et sur les deux, on peut voir des femmes blanches aux cheveux blonds et aux yeux bleus. Le marketing est donc conforme à la norme. Il y a des moments où j’ai douté de la volonté de Les Mills de réellement « changer le monde». La société a fait appel à des presenters de tous les continents mais pas à des personnes noires. En tant que personne originaire du Ghana, en Afrique de l’ouest, je trouverais ça formidable de créer une énorme communauté de fitness là-bas. Et je n’ai pas vraiment l’impression qu’on « va changer le monde » si autant de personnes sont exclues. Moi-même, je veux être inclus. Je veux montrer que les Noirs peuvent aussi faire partie de l’industrie du fitness. C’est lassant de montrer toujours le même type de personne. La représentation compte.
Quand je me suis filmée pour être sur le BODYCOMBAT United Release, je me suis dit, “oh mon dieu ils vont me retoucher !” J’ai un corps plus épais, des hanches plus larges, des fesses plus grosses. Je ne corresponds pas au type de corps habituellement mis en avant.

Certaines personnes ont manifesté leur désaccord sur les réseaux sociaux quant aux objectifs de représentation que Les Mills s’est fixés pour que les Noirs et les personnes de couleur apparaissent sur les Masterclass qualifiant cela de « racisme à l’envers ». Qu’en pensez-vous ?

Il faut bien un début.
Des personnes ont été exclues à cause d’un système fonctionnant depuis des décennies et aujourd’hui, il faut faire un effort délibéré pour les inclure. Les choses finiront par s’équilibrer. Ce n’est pas comme si les instructeurs ou les presenters noirs n’avaient jamais existé auparavant, mais c’est simplement qu’ils n’étaient pas mis en avant. J’enseigne depuis longtemps et pourtant, le nombre de presenters noirs que j’ai vus en Masterclass dans des grands programmes comme BODYPUMP et BODYCOMBAT, je peux les compter sur les doigts d’une main. J’adore que Les Mills se positionne comme une entreprise engagée.
Je pense que nous allons dans la bonne direction, mais nous ne devons pas laisser la conversation mourir maintenant qu’elle a commencé.

Avez-vous senti du racisme au cours de votre carrière ?

Oui, de manière implicite.
Parfois les gens n’aiment pas interagir avec moi parce qu’ils me trouvent intimidante. Et ils sont surpris quand ils découvrent que je ne le suis pas. C’est le stéréotype des femmes noires, que nous ne sommes pas accessibles… Lorsque j’ai été acceptée dans l’équipe de Les Mills US TAP [Trainer, Assessor, Presenter], je me souviens qu’il y avait beaucoup d’interrogations à propos de la diversité sur la page Facebook : « choisissez-vous des gens pour les bonnes raisons ? Choisissez-vous les personnes les plus qualifiées ? » Cela m’a vraiment dérangée. Je ne veux pas que quiconque pense que j’ai pu être été choisie parce que je suis noire.
Un mois plus tard, j’avais une conversation avec quelqu’un de l’équipe TAP et j’exprimais mes craintes face à ces interrogations. Réponse de mon interlocuteur : «Vous allez devoir être meilleure, justement parce que vous êtes noire.» Cette phrase m’a complètement brisée. Même si je savais que j’étais bonne, elle est restée dans ma tête jusqu’à ce que je me présente à mon premier événement. Je me suis mis une énorme pression parce que je voulais prouver que j’étais une excellente instructeur. Heureusement, j’ai eu de bons retours et j’ai pu me détendre. Mais ça reste ma plus grande inquiétude, ma plus grande croyance limitante.
Je me suis toujours demandée si mes coéquipiers ou même la tribu internationale d’instructeurs pensaient que je méritais ma place.

Et pourquoi est-ce votre croyance limitante ?

J’ai douté de moi pendant tant d’années… Je me trouvais moins bonne que les autres.
Et puis j’ai rencontré Alina, et c’est grâce à elle que j’enseigne avec autant de convictions. Elle venait toutes les semaines à mon cours de BODYCOMBAT et se mettait toujours au premier rang.
Un jour, elle a cessé de venir. J’ai appris qu’elle avait un cancer du col de l’utérus. Et puis un dimanche, je l’ai vue dans les vestiaires. Elle enveloppait sa tête dans un foulard et elle m’a dit : « Je me sentais bien aujourd’hui et je ne voulais pas manquer votre cours. » Je me souviens si clairement de ce moment parce qu’alors, j’ai réalisé que le problème n’était pas de savoir qui j’étais, ni de quelle la manière j’enseignais. Les gens traversent des épreuves difficiles mais ils prennent le temps de se présenter à mon cours, parce que c’est important pour leur bien-être. Et pour cette raison, je me dois de répondre présente quelles que soient mes interrogations. Ce jour-là, j’ai donné le meilleur de moi-même. Je voulais honorer ce rendez-vous. Malheureusement, elle est décédée un an plus tard. Mais je me souviendrai toujours d’Alina.
Nichola avec Alina
Nichola avec Alina

Comment restez-vous motivée chaque jour ?

Il y a des jours où je n’ai pas envie d’enseigner.
Mais je pense à Alina et je me dis que comme elle, il y a quelqu’un dans la salle qui a besoin de se sentir bien, et que je me dois de jouer mon rôle en assurant le meilleur cours possible. En tant qu’instructeur de fitness, j’ai une énorme responsabilité, car j’ai un impact réel sur la vie des gens. J’ai réalisé que la plupart de nos membres ne sont pas seulement là pour faire des séries d’abdos ou pour avoir le plus beau corps en bikini. Ils sont là pour s’évader de leur vie quotidienne. Et notre travail est de leur offrir cette évasion, d’apporter de la joie pendant ce court moment.
C’est ma mission et elle me pousse à me lever chaque matin : diffuser du bonheur grâce au fitness.

Didier Chamillard

Directeur Communication, La créativité sous toutes ses formes m’inspire, l’imagination « no limit ». J’aime l’histoire des gens qui nous font grandir et l’intelligence du doute. Côté sports et jamais seul, j’adore l’expérience Immersive THE TRIP, LES MILLS Core et TRX. Ma série préférée ? Une série d’abdos.

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