Analyse ADN du sportif et performances, info ou intox ?

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L’analyse ADN du sportif est une énigme à la mode. De plus en plus d’entreprises proposent en effet d’analyser l’ADN des athlètes pour adapter leurs entraînements et booster leur performance. Que sait-on à propos de nos prédispositions génétiques à la pratique sportive ?

Les entreprises spécialisées dans l’analyse ADN du grand public fleurissent un peu partout. Un petit échantillon de salive dans un tube à essai, le tout dans une enveloppe, et hop, vous recevez un bilan génétique personnalisé at home. On vous raconte votre histoire, du moins vos origines, votre profil physiologique avec les probabilités de développer tel ou tel type de maladie… L’idée est certainement de travailler sur la prévention et l’anticipation de certaines faiblesses de l’organisme connues au départ. Mais pour l’instant ce séquençage génomique reste anecdotique et parfois même un peu fantaisiste.

Dans le monde du sport professionnel en revanche, beaucoup d’entreprises d’analyse génétique passent des contrats avec des entraîneurs et des clubs sportifs. Leur promesse : aider les athlètes à personnaliser leur entraînement grâce à l’analyse de leur ADN, et démultiplier ainsi leurs performances. De tels accords auraient été passés avec l’équipe de football américain de l’université de Baylor mais aussi avec plusieurs équipes de football de la Premier League anglaise. Mais selon des experts en génomique et en science du sport, ces résultats seraient à prendre avec des pincettes. C’est ainsi ce qu’ils ont déclaré au très sérieux British Journal of Sports Medicine. Ils affirment en effet, que les tests génétiques “n’ont aucun rôle à jouer dans l’identification du talent ou la prescription individualisée d’entraînement pour maximiser la performance.”  Il y aurait tout au moins à la base du succès de chaque sportif, un environnement favorable et une prédisposition génétique.

Le gène des sprinteurs

Dans son ouvrage, “pourquoi les blancs courent moins vite“,  Jean-Philippe Leclaire tente de démontrer que la génétique a tout de même un lien avec les performances. Il s’appuie sur l’ACTN3 (l’alpha-actinine 3), le prétendu “gène du sprint”, découvert pour la première fois en 2003 par des chercheurs australiens. Un gène présent chez tous les êtres humains sous deux formes : RR, pour la vitessse, RX pour l’endurance.

“Beaucoup de recherches ont démontré que la forme RR de ce gène permet à ses détenteurs d’avoir des muscles explosifs lorsque le corps est soumis à certains efforts : une prédisposition naturelle, donc, pour les épreuves de vitesse”, souligne Jean-Philippe Leclaire, rappelant qu’à ce jour, “hormis Christophe Lemaitre et l’Australien Patrick Johnson, tous les sprinteurs qui ont couru le 100 m en dix secondes sont soit nés en Afrique de l’Ouest, soit descendants d’esclaves issus de cette partie du continent africain.”

Selon le journaliste jamaïcain Patrick Cooper et le chercheur Errol Morrison, ces sprinteurs sont en effet dotés de jambes longues et de fins bassins, traits propres aux descendants de populations venues de latitudes basses et de climats chauds. Cet avantage pour le sprint viendrait d’une mutation génétique liée à leur ascendance. Cette anomalie remonterait à l’épidémie de la malaria en Afrique de l’Ouest. Pour lutter contre la maladie, les hommes ont développé une mutation génétique, le trait drépanocytaire. L’une de ses caractéristiques est une carence en hémoglobine. Du coup, l’organisme des porteurs s’est adapté : plutôt que de s’appuyer sur l’oxygène – l’hémoglobine manque pour le transporter – pour produire de l’énergie, il se repose sur les fibres musculaires rapides. Qui, du coup, sont plus nombreuses que dans un organisme moyen.

Florence Bonnardel

J’aime raconter des histoires, recueillir celles des autres, poursuivant inlassablement les mots jusqu'à trouver les plus justes...

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